samedi 26 février 2011

Humussons nous, ça grouille...

Février... bientôt Mars, les jardiniers sentent le réveil de la sève et ont parfois des pulsions incontrôlées !... semer, retourner, planter !

Alors est-ce le moment de mettre du fumier ? Ou plutôt du compost ? Mais quel compost et puis c'est quoi au juste le compost ?  

Voilà qui m'a donné envie de faire un petit clin d'œil à l'association Brin de Grelinette (à qui j'ai volé l'idée du titre !) qui fédère les jardins partagés autour de Grenoble et propose des ateliers sur le compost...
Mais déjà, théoriquement, entendons-nous sur ce que nous appelons compost... Le compost est à la fois ce tas de déchets ménagers (restes d'assiettes, pelures de légumes, coquilles d'œufs etc...) qui se décompose doucement derrière notre jardin, et aussi ce terreau tout frais, bien noir, à la structure "en semoule" et très riche en humus. Dans ce deuxième cas, on pourra appeler ça du compost mûr, par opposition avec le compost en compostage... en décomposition. En fait le compost c'est à la fois le procédé et la matière finale...

Oui, mais alors quelle différence entre le compost mûr et le fumier ? 

Et bien c'est le taux d'humus ; qui facilite la rétention de l'eau et des nutriments dans le sol. Les composés humiques ont une capacité d'échange importante et une décomposition lente qui fournissent aux racines azote, phosphore et tous les éléments nutritifs indispensables aux végétaux.
Le fumier reste encore de la matière organique non dégradée, c'est à dire qu'il correspond presque à nos pelures de carottes avant le passage dans le tas de compost. La matière organique est là, mais elle n'a pas encore la forme qui lui permet d'être "disponible" pour les racines des plantes. Bien que cette matière organique ait été transformée par la digestion de l'animal, cela ne remplace pas le travail des micro-organismes du sol qui la transforme en composés humiques et lui permet d'avoir les mêmes propriétés que celles du compost mûr. C'est pour cela que le fumier est apporté sur le sol plus généralement avant l'hiver, afin que sa décomposition se fasse durant les mois d'hiver et permette d'obtenir des composés organiques "disponibles" pour les plantes au printemps. Toutefois, le fumier n'ayant pas la même capacité de rétention de l'eau, il ne faut pas compter sur lui pour éviter le lessivage de l'azote dans le sol... Le lessivage, c'est lorsqu'il pleut en abondance et que l'eau, en s'infiltrant ou en ruisselant, transporte (parfois très loin) des petits éléments tels que l'azote qui ne sont pas "stabilisés" par des composés humiques...

Bon, tout cela ne nous arrange pas beaucoup alors ! C'est pour cela que certains préfèrent garder leurs sols couverts pendant l'hiver et mettre leur tas de fumier à composter... Allons bon, du fumier à composter ! Eh oui, comme les pelures de carottes et comme les déchets verts de ville dans les grands centres de compostage.  

Le compostage permet de contrôler et d'accélérer un phénomène qui se produit en permanence dans la nature avec la décomposition au sol des matières organiques (feuilles mortes etc...). Ce phénomène restitue au sol les éléments nutritifs prélevés par les plantes cultivées, et comme nous prélevons une partie de ces plantes (sous la forme de légumes et de fruits) il est important non seulement de restituer ce qui reste sur place (pailles, vieilles tiges...) mais aussi d'en apporter en surplus comme avec du fumier et/ou autres matières compostées.
L'important dans le compost c'est de bien associer la matière organique "verte" (déchets de cuisine, fumier ou déchets verts) à de la matière organique "sèche" ou carbonée (paille, résidu de tonte sèche...) ainsi que l'eau et l'air qui permettent aux micro-organismes (bactéries, champignons etc...), vers de terre, insectes etc. de se multiplier et d'accélérer la décomposition.
Mais l'art de faire un bon compost est à la fois très simple et très subtil... cela nécessiterait un article en soi, ou au moins un rapide saut sur des sites entièrement dédiés à ça. 

A l'heure d'aujourd'hui, les tas de compost des jardins de Coquillon ont encore de belles journées devant eux... et pour cet été où nous accueillons un grand nombre de nouveaux jardiniers nous pouvons compter sur le compost mûr de Bollène (fait à partir de déchets verts de ville compostés pendant 8 mois). Merci à l'association de nous l'offrir, merci à Christophe de le transporter et maintenant, c'est à chacun d'entre nous de nous doter d'une brouette, d'une pelle et d'un râteau pour aller épandre une dizaine de kilogrammes de ce précieux or noir sur chaque 10m² de nos potagers (la dose recommandée par la littérature potagère se situe entre 10 et 30 kg par 10m² mais nous ne pouvons pas transporter plus d'une tonne... de plus, le sol des potagers a été bien enrichi par le couvert forestier récent... donc soyons économes, l'humus est un bien précieux... à partager).

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