dimanche 20 février 2011

La Consoude, plante utile au jardin !

Tous nous admirons les jardins des uns et des autres en les félicitant et tous, avons chez nous parfois quelques soucis (non, pas les calendulas !... les semis qui ne marchent pas, les tâches rouges, noires, blanches qui guettent nos beaux pieds de légumes). Et puisque le jardinage, petit frère de l'agriculture, n'est pas né de la dernière pluie, eh bien autant nous servir des tuyaux de nos pairs. Cette fois-ci nous allons nous pencher à ras de terre pour regarder de plus près la Consoude.

Consoude ou Grande consoude ou Consoude de Russie
dite encore Oreille d'âne
symphytum officinale L.
Famille : Borraginacées

La consoude est une plante vivace médicinale et « plante engrais ». Elle fleurit de mai à juillet dans les lieux humides, c'est pour cela qu'à l'état sauvage ses grosses touffes disent toujours un sol gorgée d'eau et que dans les jardins elle peut servir d'indicateur de sécheresse (lorsque ses feuilles se ramollissent c'est qu'il est temps d'arroser !). Elle a d'importants besoins en azote et en matière organique (fumier et compost) mais elle sera vous le rendre au centuple.
Son nom vient du latin consolida (je consolide, je répare) et symphytum en grec signifie « qui assemble ». Autant dire qu'elle jouissait, chez les anciens, d'une grande estime et c'est en effet pour ses propriétés médicinales (réparatrice des tissus, à la fois antihémorragique, cicatrisante et calmante) qu'elle fut propagée sur les grandes routes commerciales d'Europe par les pèlerins et les gens du voyage.

Propriétés médicinales : La consoude est indiquée en usage interne (infusion ou décoction, principalement de racines) contre les maladies des voies respiratoires : bronchites, trachéites, toux rebelles, tuberculose pulmonaire et les diarrhées. En usage externe (cataplasmes de racine fraîche, épluchée, bien lavée, ébouillantée et broyée) elle soigne efficacement les plaies suppurantes, les escarres, les brûlures profondes (sa pulpe fraîche soulage très efficacement les brûlures du 1er degré), et bien d'autres cas de détériorations graves du derme. La consoude « qui soude » est aussi utilisée pour les entorses et les Romains s'en servaient déjà pour soigner les fractures et lésions osseuses. La racine taillée était une grande alliée des nourrices d'autrefois qui l'appliquait sur leurs mamelons pour réparer les gerçures. Plante féminine elle peut également être utilisée en injection vaginale dans les cas de métrite, vaginite, leucorrhée et dans la plupart des cas d'inflammation des organes génitaux féminins. Je ne m'appesantirai pas plus sur ses vertus médicinales et vous renvoie sur des ouvrages de plantes médicinales plus détaillés afin de vérifier les recettes propres à chaque utilisation.

Très bien ! Les anciens savaient donc déjà tout ça... Mais après le XVI siècle, la gloire de la grande consoude s'éclipsa et c'est seulement en 1912 que le médecin anglais Macalister la fit sortir des limbes. Sa redécouverte donna lieu à des études approfondies sur sa composition chimique qui révéla un taux élevé d'allantoïne (substance épithéliogène présente dans le liquide amniotique des mammifères), des tanins, des huiles essentielles et bien d'autres constituants qui favorisent la multiplication et la régénération cellulaire... chez l'animal (dont nous), comme chez le végétal !... et là, ça nous intéresse tout particulièrement...

Eh oui, car maintenant redécouverte, la consoude est devenue l'une des meilleures plantes-engrais utilisées par les jardiniers. C'est à dire que sa racine pivotante puise profondément (jusqu'à 2 mètres) des éléments nutritifs du sol, restituant un engrais riche en potasse et en oligo-éléments tels que le bore qui facilite la floraison.
Ce sont essentiellement ses feuilles qui sont utilisées au jardin, et de manières multiples :
  • Étalées fraîches sur le sol façon mulch (ou paillage) dans les interlignes ou enfouies à faible profondeur, elles serviront d'engrais (stimulation de la flore microbienne du sol et de la végétation en général) mais aussi de piège à limaces (qui s'y réfugient volontiers et peuvent alors être récoltées et détruites) ;
  • En extrait fermenté : Laisser macérer 1 kg de feuilles fraîches dans 10 L d'eau de pluie pendant 10 jours, puis filtrer la solution qui sera appliquée au sol à l'arrosoir (dilution 20%) ou en pulvérisation sur les semis, les boutures et les feuilles (dilution 5%) pour favoriser la pousse des semis, la reprise racinaire des boutures et le développement foliaire des cultures ;
  • En jus concentré : Mettre la plante à macérer seule, sans eau, dans un récipient opaque (la lumière altère les propriétés de la plante) pendant 2 jours. Presser et pulvériser sur les plaies de taille pour les désinfecter (sans dilution ou dilué à 5 %) ;
  • En activateur de compost, encore pour ses capacités à stimuler la flore microbienne qui dégrade la matière organique de notre compost pour nous restituer le meilleur des engrais... l'humus.
Et si vous ne la coupez pas menue ou ne lui arrachez pas ses racines sachez que ses fleurs, en grappes de clochettes violettes, sont très mellifères... c'est à dire qu'elles attirent les abeilles et particulièrement les bourdons, qui polleniseront ensuite vos plantes potagères !... Avis aux herbivores de ma sorte, les jeunes feuilles sont comestibles en salade ou, de préférence, cuites à la façon de l'épinard... Tout comme la tétragone de Serge !). En Allemagne, on en fait des beignets. Et pour que les protéinovores ne soient pas en reste, donner des feuilles de consoude aux poules pondeuses augmenterait leur production.

Comment s'en procurer, eh bien c'est très simple puisqu'elle se multiplie par bouturage alors rendez-vous à la foire aux semences de l'association La Capitelle, lors des Rendez-vous au Jardin le week-end du 4 juin !


Bibliographie :
  • LIEUTAGHI P., 1996, « Le livre des bonnes herbes », Acte Sud, 443 p.
  • BERTRAND B., COLLAERT J-P. et PETIOT E., 2007, « Les plantes au secours des plantes: Purin d'ortie et compagnie », Edition du terrain, 109 p.

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